Les arbitrages gouvernementaux actuels concernant la prochaine réglementation thermique pour la construction neuve, la future RE2020 (Règlementation environnementale), risquent d’empêcher la généralisation des « Bâtiments à énergie positive » (BEPOS) et de favoriser les convecteurs électriques dans le neuf, au détriment de solutions vraiment efficaces.
La mise en place en 2013 de la Règlementation Thermique du bâtiment (RT2012) dans la foulée du Grenelle de l’environnement a constitué un saut qualitatif important en instaurant pour la première fois en France un objectif de performance énergétique exprimé en valeur absolue en énergie primaire et par unité de surface.
Tout le monde s’accordait néanmoins sur la nécessité d’une seconde étape permettant de faire des « Bâtiments à énergie positive » (BEPOS) la nouvelle norme pour le bâtiment neuf. Pour mémoire, un BEPOS produit plus d’énergie qu’il n’en consomme, sur l’ensemble des usages, du réfrigérateur au chauffage en passant par la ventilation ou encore l’éclairage. En outre, la RE2020 doit ajouter une composante carbone, pour prendre en compte l’impact climatique des choix constructifs, via l’analyse du cycle de vie des bâtiments. C’est tout le sens des travaux autour de la future RE2020 (Règlementation environnementale et non plus seulement énergétique), qui ont débuté en 2016 par l’expérimentation Energie + Carbone -, ou E+C-, et doivent se conclure courant 2020 pour une mise en place fin 2020.
Adossés à des expérimentations de terrain, ces travaux d’une densité extraordinaire ont réuni des centaines de personnes dans une quinzaine de groupes de travail et ont fait émerger des solutions constructives et ambitieuses.
Mais comme chacun sait, le diable se cache dans les détails…
Les premiers arbitrages de l’Administration, rendus publics début Novembre, soulèvent de nombreuses questions et craintes. Des questions fondamentales comme l’ambition des bâtiments à énergie positive, le facteur d’énergie primaire de l’électricité, le Bbio, ou encore la lisibilité de l’évaluation carbone nous semblent aujourd’hui menacés. Par exemple, l’abaissement du coefficient d’énergie primaire de l’électricité de 2,58 à 2,3 ouvrirait la porte au retour du chauffage électrique dans les bâtiments neufs, au détriment de solutions bien plus performantes comme les Pompes à chaleur. Si on n’y prend garde et si les décisions en cours vont dans le sens contraire de la Transition énergétique et environnementale, la déception des acteurs du bâtiment de toutes tailles et de divers horizons qui ont porté cet espoir risque d’être à la hauteur de leur enthousiasme initial : c’est pourquoi ils en appellent à travers un document d’analyse détaillée (à lire dans le lien ci-dessous) à rendre les bons arbitrages en se gardant des faux-semblants.
Ce communiqué, rédigé par Thierry Rieser, gérant du bureau d’étude Enertech, est cosigné par plus de 300 acteurs de terrain, BE, architectes, urbanistes et associations, tous concernés par la prochaine RE2020.
Pour Thierry Rieser : « Le moment est venu de cranter les avancées d’E+C- pour que la performance énergétique et climatique des bâtiments neufs soit vraiment au rendez-vous des contraintes qui pèsent sur l’humanité. Mais plusieurs signaux inquiétants sur des choix concernant quelques points très techniques mais fondamentaux nous font craindre au contraire que la France enclenche la marche arrière, par exemple en redonnant aux convecteurs électriques une place que la RT2012 leur avait retiré avec raison, au détriment d’autres solutions plus performantes comme les pompes à chaleur et des énergies renouvelables. »
Il ajoute : « Au moment des derniers arbitrages imminents, les propositions que nous formulons n’ont pas d’autre ambition que de permettre à notre pays d’être réellement à la hauteur de ses ambitions, que nous partageons tous »
Lire et signer le Communiqué : http://www.soutiens.online/
Communiqué en pdf : 191126_Communiqué_RE2020_vdef.pdf