La démocratie avait parlé, il fallait se plier au verdict de la consultation.
Exit Francillon, on allait trouver autre chose, et d’ailleurs devant le marché bien cher des « bâtiments du patrimoine », c’était finalement un bon choix et on allait rebondir. Mais oui, pourquoi pas construire un bâtiment dans lequel on mettrait tout ce qu’on savait faire de mieux, et même pourquoi pas, quelque chose tellement en avance qu’on n’oserait pas le proposer à un client ? Et puis globalement, ça permettrait de rattraper le temps perdu (on construit plus vite qu’on rénove du très ancien) et ça coûterait moins cher !
La déception était oubliée et l’intérêt relancé par cette nouvelle idée très stimulante. Je me mettais en recherche d’un terrain et non plus d’une ruine. Tout en respectant bien sûr les contraintes géographiques déjà évoquées. Mais un nouveau défi se présentait : il fallait trouver un terrain dans un village et pas en sa périphérie, et pas trop grand. Tout terrain de plus de 1500 m² devait être recoupé en plusieurs lots vendus séparément. Cette volonté était celle du préposé à la surveillance des nouvelles constructions dans les territoires en voie de désertification, chargé de la fabuleuse mission d’accepter ou de refuser ce qui ne lui plaisait guère.
Ce fut un défilé de terrains en forte pente, de terrains en friches, de terrains inaccessibles, de terrains super bien mais super chers. Bref si ça continuait ainsi je commençais à envisager des solutions radicales et désespérantes : construire dans une ZA. Peuvent comprendre ces propos à la limite du mépris ceux qui connaissent le site actuel de nos bureaux. L’un d’entre nous fut envoyé en mission exploratoire, et à sa mine défaite au retour nous décidâmes par charité de ne point lui poser de question. Exit les ZA.
Puis vint ce jour de décembre 2011 où je rencontrais le maire de Pont de Barret, la commune voisine de la nôtre.
Il n’était pas très optimiste sur la possibilité de trouver un terrain, mais il eut soudain une idée : lui même possédait des terrains de famille et se proposait de demander à ses frères et sœurs. Ce qu’il fit rapidement, avec une issue favorable. Le moral revenait. On entreprit très vite de travailler sur la nouvelle parcelle, mais celle-ci faisait plus de 5000 m², ce qui nous plaisait bien, mais ne plut évidemment pas au préposé à la surveillance des nouvelles constructions dans les territoires en voie de désertification. Il s’opposa à notre projet et demanda qu’on découpe tout cela en trois parcelles, ce qui donna naissance…à un lotissement nécessitant donc l’intervention d’un architecte découpeur. Mais tout devait rapidement rentrer dans l’ordre et nous allions bientôt pouvoir construire. Enfin, le croyait-on.
Car comme dans beaucoup de familles, celle de notre vendeur connut quelques divisions qui n’ont pas fait notre bonheur. La fratrie s’était fissurée et il fallut de très longues procédures encore rallongées par quelques vices de forme difficilement explicables pour que nous puissions enfin atteindre le Graal en avril 2015, soit 3 ans et 4 mois après avoir vu le terrain : nous en devenions enfin propriétaire.
Mais la situation était cocasse car depuis un an et huit mois nous avions un permis de construire sur un terrain qui ne nous appartenait pas ! Au risque de perdre le bénéfice du permis de construire, il nous fallut quand même payer des impôts sur ce terrain virtuel…
Suite au prochain épisode…
Olivier SIDLER – Fondateur d’ENERTECH – Ancien gérant