Aller au contenu

Genèse de nos futurs bureaux – 2/5 – la prospection

  • LowCal

Dans un premier temps je me suis dis qu’un village en zone de revitalisation rurale, dont les salariés du bet étaient aussi nombreux que le tiers de la population, méritait qu’on lui soit fidèle. Question de survie me semblait-il. L’opportunité se présenta vite et un terrain jusque là voué au pâturage nous fut proposé sur le territoire de la commune. Las, le conseil municipal, qui ne souhaitait certainement pas qu’une multinationale susceptible de créer du trouble et de la gêne sur son territoire paisible, s’opposa à cette implantation. Très amère désillusion que celle ressentie par celui qui veut aider un village à survivre (on ne parle plus de se développer depuis longtemps) et à qui on répond « même pas besoin !…. ».
De toute façon le conseil municipal reçut très vite un appui soutenu du préposé à la surveillance des nouvelles constructions dans les territoires en voie de désertification : « je ne vous autoriserai jamais à construire sur ce terrain agricole » nous dit-il. D’accord, mais notre métier à nous ce n’est ni les chèvres ni les vaches, c’est l’ingénierie, et on s’était bêtement dit que tous ensemble, les ingénieurs et les agriculteurs, on pourrait peut-être arriver à faire vivre ces territoires, alors que seul aucun d’entre nous ne pouvait y arriver. Bon, on ne peut pas vouloir le bonheur des gens malgré eux. Il fallait donc vraiment partir.

 

Dès le printemps 2010 on se mit donc en quête de trouver un bâtiment à rénover. Rénover et non pas construire parce que c’est à la fois la meilleure solution d’un point de vue énergétique (il y a peu d’énergie grise, celle contenue dans les matériaux) et cela contribue à la sauvegarde du patrimoine. Les fondamentaux de notre philosophie étaient en place. Restait à trouver où. C’est là que tout se compliqua. Quitte à partir de Félines, beaucoup de collaborateurs voulaient qu’on se rapproche de Crest (où ils sont nombreux à habiter !). Mais ceux qui habitaient à l’opposé affirmèrent que dans ce cas ils ne suivraient pas. Bigre, si c’est pour diviser l’équipe en deux, il n’y a pas besoin de construire de nouveaux bureaux….
On a donc tracé un périmètre très restreint autour de Félines afin de conserver la cohérence de l’équipe. Mais on est à la campagne, ça n’a échappé à personne, une belle campagne montagneuse que lorgnent également les citadins désireux d’acheter une résidence secondaire, si bien que les possibilités de rénover se sont retrouvées limitées. Il y en a eu, c’est vrai, mais c’était des ruines totales,

10Une façade debout 11Intérieur à  rénover !

 

Ou encore :

12Futur bureau du chef13Chef réfléchissant comment recycler ce taille crayon d’antan14Chef s’entraînant à descendre l’escalier principal des futurs bureaux

 

ou bien des bâtiments sans grand caractère,

15WC hommes MAIS avec installation téléphonique déjà réalisée16Future salle de dessin promise à un facteur de lumière du jour exceptionnel

ou cet autre pas loin de la ligne SNCF à grande vitesse et qui abritait encore tous les carottages effectués lors du percement d’un tunnel pour le TGV.

300Au fronton :
« ENERTECH Corporation »…
18bDes centaines de carottages oubliés par la SNCF

On ne souhaitait quand même pas avoir à dégager quelques tonnes de cylindres de pierre étiquetés pour commencer notre nouvelle implantation !

 

Puis on a trouvé une ancienne ferme, dans un endroit un peu isolé, plantée devant un paysage fabuleux : située à Francillon s/Roubion, elle faisait face aux falaises admirables de Saou.

19Un corps de ferme très volumineux20Une façade imposante

21Le massif de Saou avec les champs de lavande au premier plan (si, si)22Le chef en lévitation découvrant une lampe à incandescente datant de près d’un siècle, lui qui n’a que des leds

Un paysage à faire rêver en permanence, enfin, à me faire rêver en permanence devrais-je dire. En plus il y avait des espaces voûtés assez beaux, mais bien sûr le préalable était de les faire passer de l’état d’étables laissées telles quelles au début des années 1970 à celui de bureaux fonctionnels avec le haut débit, l’éclairage naturel, la basse consommation, la qualité de l’air (passer de l’odeur de foin à l’absence d’odeur conformément à la norme NF xyz). Mais rien ne me rebutait. J’en avais vu d’autres à titre personnel. Les visites de repérage se sont donc succédées à un rythme rapide. On a fait des relevés, des plans, mais on buttait sur le propriétaire qui était assez gourmand et qui en bon paysan ne lâchait rien du tout. Pas facile d’avancer dans ce contexte.

Mais, il fallait aussi avoir l’avis de tous ceux qui allaient travailler dans ces futurs locaux. La rencontre entre mon rêve et les espoirs de mes collaborateurs eu donc lieu un jour où il faisait gris, glauque même devrais-je dire. Enfin, je ne sais plus très bien, mais ce dont je me souviens parfaitement c’est de leur tête en voyant ce fabuleux potentiel immobilier qui n’en avait certes pas l’air, c’est vrai que ça sentait encore le foin et la bouse de vache séchée, mais il me semblait qu’avec un peu d’imagination et un minimum d’honnêteté intellectuelle (ou peut-être quand même un maximum tous comptes faits), on pouvait se projeter dans de fabuleux bureaux luxueux et spacieux avec vue sur les montagnes et odeur du thym et de la lavande en été. Mais non, malgré tous mes arguments d’agent immobilier de boulevard, il n’y eut rien à faire. Pas question de venir encore se planter dans un désert, comme à Félines, il fallait se mettre dans un village, comme tout le monde, avec un bistrot et un restaurant pour le midi.

Suite au prochain épisode…

Olivier SIDLER – Fondateur d’ENERTECH – Ancien gérant