Le permis de construire ? Quelle aventure lui aussi ! Car pour notre bonheur le terrain convoité se trouve à 490 m d’une église classée et à 220 m d’un château qui n’en a que le nom et qui est en quasi-totalité invisible.
Nous sommes donc passés par les fourches caudines du préposé à la vérification des vieux bâtiments dans les territoires en voie de désertification. J’allais en personne présenter le projet et, démarrant ma présentation, je faisais d’emblée référence aux bases de l’architecture climatique pensant rencontrer immédiatement la sympathie de mon interlocuteur.
Que nenni ! J’eus droit au contraire à une violente diatribe fustigeant ces principes ridicules. Déstabilisé, je me ressaisis immédiatement et évoquais le caractère novateur de notre bâtiment dont le côté le plus visible (malheureusement pour nous) était une toiture sud entièrement couverte de photopiles. Horreur totale ! La honte à 490 m d’une église classée. Pour la peine, il fallait que nous produisions une infographie permettant de visualiser depuis la route (quand même située à 60 m et séparée de nous par un petit lotissement de 6 maisons en bois qui interdisait toute vue en direct !) l’aspect de cette toiture horrible. Et d’expliquer que demain tous les bâtiments seraient ainsi et que cela risquait même d’être obligatoire faillit me valoir une autre punition comme une infographie de cette toiture vue d’un hélicoptère du SAMU volant à basse altitude pour aller récupérer un brave homme ayant fait un arrêt cardiaque, probablement en voyant justement cette toiture infamante.
Je me ressaisis une seconde fois, m’apprêtais à rebondir à la manière d’un félin lorsque je fus fauché par une salve qui me laissait presque sans vie : la forme des terrains tels qu’ils avaient été découpés par l’architecte était à hurler. Une honte de découper des terrains ainsi. Mais je me surpris moi-même, vu mon état, lorsque je répondis que cela n’aurait guère d’incidence et serait invisible puisque nous ne mettrions pas de clôture aux terrains !
Mais le préposé à la vérification des vieux bâtiments dans les territoires en voie de désertification n’aime pas qu’on lui tienne tête, il faut le faire savoir à tous les naïfs qui, plein d’enthousiasme, viennent défendre les idées nouvelles et riches qu’ils ont eu le malheur de vouloir mettre en œuvre…. à moins de 500 m d’un édifice classé par les services nationaux du préposé. Et je l’appris très vite à mes dépens puisque, bien qu’ayant choisi le parti d’une architecture traditionnelle semblable à celle des bâtiments à l’entour, le permis de construire fut refusé au motif que « par sa volumétrie, ses caractéristiques architecturales en rupture avec la typologie du bâti traditionnel, le bâtiment était susceptible de porter atteinte à l’intérêt des lieux ». Porter atteinte à l’intérêt des lieux….Rien que cela.
Score : Un /zéro. KO par asphyxie.
L’idéal serait de ne construire que des bâtiments centenaires. A la réflexion, je trouve que ce sont ceux qui s’intègrent le mieux dans le bâti ancien, disons le bâti qui a entre 80 et 120 ans. Et comme les Bidochons, on planterait autour d’eux des chênes également centenaires.
Heureusement tous les préposés à la vérification des vieux bâtiments dans les territoires en voie de désertification ne pensent pas tout à fait la même chose et il fût finalement possible de convaincre de l’intérêt de ce nouveau bâtiment.
Suite au prochain épisode…
Olivier SIDLER – ancien gérant